L'héraldique ou la science du blason, apparue au XIIe siècle, s'est développée au Moyen Âge dans toute l'Europe comme un système cohérent d'identification non seulement des personnes mais aussi des lignées (le blason pouvant être transmis par héritage en traduisant le degré de parenté) et des collectivités humaines. Ce qui en fait un système emblématique unique en un temps où la reconnaissance et l'identification passaient rarement par l'écrit. L’Écu ou Écusson (le bouclier) est l'élément central et principal des armoiries, c'est le support privilégié sur lequel les armes sont représentées. Les armes sont des emblèmes peints sur un écu. Elles doivent pouvoir être décrites dans la langue du blason et désigner quelqu'un ou quelque chose. Elles ont le même rôle qu'une marque, un logo ou un nom propre : elles sont la manière héraldique d'identifier, de représenter ou d'évoquer une personne, physique ou morale (maison, famille, ville, corporation …) . Les armes sont généralement considérées comme la propriété intellectuelle de la personne qui en est titulaire.
Originaires de la région gantoise, les Crombrugghe sont des hommes de fief de l’Abbaye Saint-Pierre à Gand. Notre lignage direct (prouvé sur documents) remonte au milieu du XIVème siècle. En 1370, Claeys I est détenteur du fief ‘Ten Hove’ (Crombrugghe) à Merelbeke et de 1374 à 78, bailli de Rodes et Winthi. Ce pacte sous seing privé, essentiel pour le blason Crombrugghe, a été conclu à Wielsbeke le 26 avril 1616, entre Philippe Ier (°1546-47 - †1618) et ses deux fils aînés, Jean III et Philippe II en présence de leur mère, Gertrude de Gruutere (1555-1638). Cet accord porte sur la reprise des armes familiales (les trois éperons) et du cri (Ghend ! Ghend !) de leur aïeul Philippe Braem (†1565), dont la fille unique Catherine, dame de Looringhe, (†1547) avait épousé en 1545 leur grand-père Georges III († 1566). Au titre d’aîné, Jean III (1573-1634) ajoute en cœur des armes Crombrugghe l’écu Braem avec le cri d’arme. Jean, un officier brillant, qui épouse en 1608 Louise Damant (1585-1673), est capitaine d’infanterie et enseigne de la compagnie du prince de Ligne. Philippe II (1578-1650), le puîné, qui épouse en 1606 Hélène Mesdach (1586-1620), porte les seules armes Crombrugghe avec le cri. Notre ancêtre direct a été échevin de Courtrai et de Furnes, ensuite bourgmestre et landhouder des ville et châtellenie de Furnes. Les frères cadets, Giselbert et Georges, portent les armes augmentées de l’écu Braem avec une brisure appropriée.
La première apparition officielle de l’écu Crombrugghe figure dans la partie centrale inférieure de la Représentation des Estats du noble pays et comté de Flandres, dédiée aux Sérénissimes Archiducs d’Austrice, princes souverains d’icelluy pays, dit « Jardin d’armoiries du comté de Flandre » (1616) comprenant 613 armoiries et édité avec l’accord du secrétaire du Conseil privé des archiducs Albert et Isabelle. (Gravure de Joannes Lemmens dont une copie a été mise en couleurs par le généalogiste Ernest Warlop en 1989).
Etonnant mais, vrai l’écu aux armes Crombrugghe ne comporte pas trois éperons complets. Seul deux éléments sont visibles: la molette et sa tige. La molette est la partie mobile de l’éperon en forme de roue étoilée. Il n’y a pas d’arceau ou collet. Ce phénomène a été relevé par l’auteur néerlandais Jean-Baptiste Rietstap dans son monumental Armorial Général (1861) où il décrit dans la 2ème édition (1884-87, 2 vol.) plus de cent mille armoiries de famille. Parmi les porteurs d’un écu avec une ou trois molettes d’éperon, il ne relève que trois armoiries dont celle des Crombrugghe. La présentation visuelle (molette – tige – boucle) n’a pas toujours été perçue comme tel. On constate en effet qu’il existe deux descriptions du blasonnement de nos armes dans les diplômes en possession de la famille. • Les diplômes accordés aux Looringhe et aux Picquendaele, (en 1818, à Pie Looringhe par Guillaume Ier, en 1868, en 1870, 1873 et 1884 aux autres par Léopold II) blasonnent nos armes en néerlandais ‘van keel beladen met drie sporen van zilver’ et en français : ’de gueules à trois éperons d’argent ». • Dans le diplôme accordé en 1969 aux Schipsdaele par Baudouin, il est blasonné comme suit : ‘de gueules à trois molettes d’éperon à cinq rais d’argent, colletées du même, le collet en haut et boucle’. Les éperons sont un des symboles les plus marquants de la qualité chevaleresque. En effet, lors de son adoubement, le chevalier recevait la colée, son épée, son heaume, son écu et ses éperons. Le 20 septembre 1657, notre ancêtre direct Georges V (1613-75), fils de Philippe II, a été créé chevalier par le roi Philippe IV d’Espagne.
Georges, qui avait épousé en 1652 Marguerite van der Meere (1631-77), était seigneur de Looringhe, Loovelde etc. Il a d’abord été échevin des ville et châtellenie de Furnes et ensuite échevin de la Keure de Gand ainsi qu’homme de fief de la Haute Cour de Saint-Pierre-lez-Gand. Notre écu aux trois éperons remonte au début du XVIème siècle.
Les grandes armes Crombrugghe, tant des branches Picquendaele que Looringhe, comportent autour de l’écu les ornements extérieurs suivants :
Lors de leurs alliances les Crombrugghe, tant Picquendaele que Looringhe, ont généralement combiné dans leurs blasons (en cœur, écartelé..) leurs armes avec celles des familles alliées. L’écu Crombrugghe conserve toujours sa position prépondérante : au premier quartier ou aux quartiers 1 et 4. Les Schipsdaele ont gardé leurs armes écartelées avec celles des Triest, qui sont de sable à deux corps de chasse d’argent liés et viroles d’or, en chef, et à un lévrier courant d’argent, colleté et boucle d’or, en pointe. La famille Triest s’est éteinte en 1934. Les Schipsdaele ont obtenu ce droit par le diplôme qui leur a été accordé en 1969 par le roi Baudouin.